Urologie

Analyse chimique

L'examen chimique est réalisé à l'aide de tests commerciaux qui sont exclusivement fabriqués pour les analyses d'urine chez l'humain. Il faut donc considérer que les résultats provenant de ces tests peuvent ne pas être adaptés à l'urine du chat et du chien. Chacun des paramètres chimiques sont révisés ici en tenant compte de leurs forces et de leurs faiblesses.

pH

Le pH de l'urine chez le chat et le chien s'échelonne de 4.5 à 8.5.16 Le pH est principalement influencé par l'alimentation de l'animal. Un animal qui se nourrit de viande aura une urine acide alors qu'un animal dont la ration est surtout composé de céréales ou de légume aura un pH alcalin. Ce pH variera tout au long de la journée et il pourra devenir alcalin à la suite d'un repas (alkaline tide).

Les causes d'un pH urinaire acide sont multiples: acidose respiratoire et métabolique, état de choc, vomissement sévère (acidurie paradoxique), kétoacidose lors de diabetes mellitus, diarrhée abondante qui provoque une perte non compensée de bicarbonates, augmentation du catabolisme protéique (ex.: glucocorticoïdes et fièvre intense) ainsi que les nourritures commerciales acidifiantes comme s/d et c/d.

Les causes d'un pH urinaire alcalin sont aussi très nombreuses. La plus fréquente est celle d'une urine ayant séjournée trop longtemps à la température de la pièce; le pH sera alcalin suite à la perte de CO2 (surtout si le contenant est ouvert) et à la décomposition de l'urée par les bactéries. Une infection urinaire par des bactéries productrices d'uréases (Proteus spp. et staphylocoques) est aussi une raison importante. Plusieurs infections bactériennes cependant peuvent se manifester par une urine acide car la majorité des bactéries ne produisent pas d'uréase. L'alcalose respiratoire et métabolique, les médicaments alcalinisants (bicarbonates en excès) et l'acidose tubulaire rénale (perte de bicarbonate au niveau tubulaire) peuvent aussi être responsable d'une urine alcaline. Des vomissements associés avec une urine alcaline sont un indice de vomissements répétés et fréquents ou d'une obstruction intestinale proximale.

Acidurie paradoxique: suite aux pertes de chlore par les vomissements, l'animal devient hypochlorémique et en alcalose métabolique. Cette alcalose s'accompagne d'une hypokaliémie suite à la translocation du K+ intravasculaire contre le H+ intracellulaire. Ces animaux sont aussi très déshydratés ce qui provoque la libération d'aldostérone. Cet aldostérone favorisera la réabsorption tubulaire du sodium, en même temps que du chlore et de l'eau. Les bicarbonates sont réabsorbés par le tubule contourné proximal indépendamment du pH sanguin. L'excrétion des bicarbonates a lieu dans les canaux collecteurs via les cellules intercalaires type B. Cette excrétion se fait en échange du Cl- qui est dans le tubule. Cependant comme le Cl- est peu disponible (l'animal est hypochlorémique et il y a réabsorption importante du chlore en même temps que du sodium), les bicarbonates ne sont tout simplement pas excrétés. L'hypokaliémie peut aussi participer via l'activation des cellules intercalaires sécrétrices d'acide (type A) au niveau des canaux collecteurs. Il est possible que l'activité des pompes H+ K+ ATPase qui favorise l'échange de K+ intratubulaire contre le H+ intracellulaire soit amplifiée et qu'une sécrétion nette d'acides en résulte. 

Leucocytes

Ce test, dédié à l'analyse urinaire humaine, détermine la présence des enzymes estérases qui sont retrouvées dans les neutrophiles. Dans une étude sur l'identification de pyurie chez le chien, le bâtonnet n'a détecté que 46,0% des échantillons qui contenaient plus de 5 leucocytes par champ à 400x après une minute d'incubation. Ce manque de sensibilité peut s'expliquer par la présence d'inhibiteur d'estérase dans l'urine du chien ou par une quantité moindre ou des types différents d'estérases dans les neutrophiles canins. La présence de leucocytes doit être confirmée par l'examen microscopique du sédiment urinaire. Il est donc recommandé de ne pas tenir compte du résultat de test.

Nitrites

Les nitrates proviennent de l'alimentation (légumes) et ils sont normalement présents dans l'urine des chiens et des chats. La réduction de ces nitrates en nitrites étant effectuée par certaines bactéries, la détection de nitrites sera donc synonyme de bactériurie. Ce test n'est pas valable chez le chien et le chat car il y a un grand nombre de résultats faux-négatifs. Les raisons sont nombreuses:

  • des tests in-vitro ont démontré que l'acide ascorbique, un constituant normal de l'urine, inhibait ce test.
  • il peut ne pas y avoir suffisamment de nitrates à réduire (anorexie, alimentation sans légume).
  • les bactéries présentes peuvent ne pas réduire les nitrates (tels que Staphylocoques et Pseudomonas spp).
  • un animal qui est PU/PD ne permettra pas un séjours suffisamment long à l'urine dans la vessie pour permettre la réduction des nitrates en nitrites.

Des résultats faux-positifs sont aussi possibles lorsque l'analyse est effectuées sur un échantillon qui a séjourné plus de 3-4 heures à la température de la pièce (les bactéries de la flore normale de l'urètre peuvent réduire les nitrates).

Les résultats de ce test ne doivent pas être considérés.

Protéines

Des protéines sont normalement retrouvées dans l'urine en faible quantité, évidemment ces protéines doivent être évaluées en fonction de la densité urinaire. Plus une urine est concentrée plus la quantité de protéines sera élevé. Ainsi on considère normal un niveau de 0,5 g/L de protéines pour une urine dont la concentration est modérée.1 Une moitié de ces protéines urinaire est composée d'albumine ayant traversé le filtre glomérulaire alors que l'autre moitié provient des tubules distaux et des canaux collecteurs, il s'agit en fait des mucoprotéines de Tamm-Horsfall et d'immuglobulines (IgA). Si l'échantillon est prélevé par miction naturelle, des protéines provenant de la vessie et de l'urètre ainsi que du tractus reproducteur peuvent aussi intervenir.

Le concentration urinaire en protéines peut être déterminée de façon qualitative, semi-quantitative ou quantitative. Les techniques qui sont être utilisés en clinique privée sont qualitative (colorimétrique: bâtonnet urinaire) et semi-quantitative (turbidité à l'acide sulfosalicylique). Les protéines doivent être déterminées sur le surnageant d'une urine centrifugée car les leucocytes et les érythrocytes ainsi que les cellules épithéliales et les cylindres peuvent collaborer à élever faussement les protéines. Le test sur bandelette détecte principalement l'albumine alors que l'acide sulfosalicylique est mieux adaptée aux globulines, protéines de Bence Jones et mucoprotéines.

Les protéinuries peuvent être d'origine préglomérulaire, glomérulaire ou post-glomérulaire. Les formes pré-glomérulaires résulte d'une surcharge de protéines soit au niveau du glomérule ou encore soit au niveau des tubules. Chez le chien une protéinurie est observée lors d'hyperprotéinémie induite expérimentalement (supérieur à 90g/L). Cette hyperprotéinémie induit des altérations glomérulaires qui sont réversibles lorsque les protéines totales reviennent à la normale. La réabsorption tubulaire peut aussi être saturée lorsque qu'il y a une trop grande quantité de protéines de faible poids moléculaire (ces dernières passent aisément le filtre glomérulaire et sont habituellement réabsorbé par les tubules rénaux). C'est le cas de l'hémoglobine, de la myoglobine et de certaines immunoglobulines. Des protéinuries transitoire peuvent aussi être observées à la suite d'un exercice intense, de stress, de fièvre, de température extrême (froid ou chaud) et de convulsion.

La protéinurie la plus fréquente et la plus sévère est celle originant d'une atteinte du glomérule. L'albumine est la protéine principalement rencontrée. Il peut s'agir d'un problème primaire (inflammation, néoplasme, ..) ou secondaire (déposition de complexes immuns, amyloïdose, ...).

La protéinurie post-glomérulaire résulte de protéines apparaissant après la formation du filtrat glomérulaire. Ces protéines proviennent d'une augmentation de perméabilité vasculaire secondaire à une inflammation. Le sédiment urinaire de ces animaux contient des leucocyte et/ou des érythrocytes. L'inflammation peut être localisée au rein, à la vessie ou plus distalement. La protéinurie post-glomérulaire peut aussi résulter d'une incapacité des tubules rénaux à réabsorber des protéines en concentration normale dans le filtrat glomérulaire. Cette anomalie survient à la suite d'un désordre inné (syndrome de Fanconi) ou acquis (toxicité à la gentamycine), dans ces cas la protéinurie est légère à modérée. Le bâtonnet peut réagir positivement pour la présence d'érythrocytes sans que des protéines ne soient détectées. Une telle réaction provient du principe que le test au bâtonnet pour la détection des érythrocytes est 50 fois plus sensible que le test pour la détection des protéines.

Des fausses élévations de protéines sont observées lorsque le pH est très alcalin (bâtonnet) ou lorsque l'urine est très turbide ou contient un agent de contraste radio-opaque (turbidité à l'acide sulfosalicylique). C'est pourquoi il est recommandé d'effectuer le test au bâtonnet chimique et le test de turbidité à l'acide sulfosalicylique en combinaison.

Le ratio Protéine/Créatinine est un test complémentaire qui peut être effectué pour confirmer un protéinurie originant d'un désordre au glomérule. L'animal doit être au repos (pas d'exercice avant le prélèvement de l'urine) et il est nécessaire d'éliminer toute possibilité de protéinurie post-glomérulaire par l'observation du sédiment urinaire.

Glucose

Le test colorimétrique sur bandelette repose sur l'activité de l'enzyme glucose oxydase qui est spécifique au glucose. Cette enzyme est très labile, il est donc important de respecter la date d'expiration des bandelettes. Le glucose est presque entièrement réabsorbé au niveau du tubule contourné proximal. De faible quantité seront retrouvée dans l'urine mais en concentration trop faible pour être détectée. Sa détection dans l'urine est donc anormale. Le glucose apparaît dans l'urine lorsque le seuil rénal est dépassé, soit 16 mmol/L chez le chat et 10 mmol/L chez le chien. Les causes de glucosurie hyperglycémique incluent principalement le diabetes mellitus, une fluidothérapie dextrosée ainsi que le stress. Il n'est pas rare de voir un chat stressé avec des valeurs de glucose supérieure à 25 mmol/L. Il est aussi possible d'observer des cas de glucosurie normoglycémique. Dans ce cas le glucose n'est pas réabsorbé par le tubule contourné proximal et il se retrouve alors dans l'urine.  C'est le cas lors de glucosurie rénale primaire et de syndrome de Fanconi

Corps cétoniques

Les corps cétoniques apparaissent dans le sang puis l'urine lorsque la production d'énergie passe de l'utilisation du glucose à l'utilisation des lipides via l'oxidation des acides gras. Il y a alors formations de métabolites intermédiaires tel l'acétone, l'acide acétoacétique et l'acide ß-hydroxybutyrique qui sont produit a un rythme trop rapide pour permettre leur oxydation par les tissus. Les bandelettes utilisent le nitroprusside qui réagit avec l'acide acétoacétique et l'acétone mais pas avec l'acide ß-hydroxybutyrique. L'acide ß-hydroxybutyrique est le corps cétonique le plus abondant dans l'urine, il est donc possible qu'il y ait des résultats faux-négatifs si ce dernier est retrouvé seul. Les corps cétoniques seront donc observés lors de diabetes mellitus kétoacidosique. Plus rarement, des corps cétoniques sont retrouvés dans l'urine suite à un syndrome hypoglycémique (insulinome) ou une alimentation pauvre en glucide et riche en gras.

Bilirubines

La bilirubine non-conjuguée originant de la dégradation de l'hémoglobine est liée à l'albumine, elle est insoluble et ne peut donc pas passer le filtre glomérulaire. Elle est acheminée au foie où elle sera conjuguée (glucuronoconjugaison ou sulfoconjugaison), elle deviendra alors soluble. La plus grande partie de cette bilirubine sera éliminée dans la bile puis transformée en urobilinogène puis en urobiline par les bactéries de l'intestin. L'autre partie de cette bilirubine conjuguée et soluble se retrouvera en circulation sanguine pour être excrétée dans l'urine. La présence de bilirubine dans l'urine doit toujours être évaluée en fonction de la densité urinaire. Chez le chien il peut être normal de retrouver 1+ de bilirubine dans une urine modérément concentrée. Chez le chat cependant, le seuil rénal étant 9 fois plus élevé, la présence de bilirubine est toujours indicatrice d'un désordre. La bilirubine apparaîtra dans l'urine bien avant que l'animal ne démontre de l'ictère. Elle représente donc un test très utile pour la détection prématurée d'un problème hépatique, surtout chez le chat.

Une bilirubinurie significative est observé lors d'altération de la fonction hépatique à la suite d'inflammation, de néoplasme ou d'infection, lors d'obstruction biliaire intra ou extra-hépatique ou à la suite d'une surcharge de bilirubine non-conjuguée survenant à la suite d'une hémolyse sévère et aiguë. Chez le chien, à cause du seuil rénal très bas, la fièvre ainsi que le jeûne peuvent contribuer à une légère bilirubinémie. Le chien peut aussi dégrader l'hémoglobine en bilirubine ainsi que conjuguer la bilirubine au niveau de ces cellules tubulaires rénales.

La bilirubine conjuguée est déversée avec la bile dans le duodénum. A cet endroit cette bilirubine est transformée par les bactéries en urobilinogène. Une petite portion de cet urobilinogène va ensuite emprunter la circulation porte pour atteindre le foie ou la majorité sera retournée dans la bile (cycle entéro-hépatique). De cet urobilinogène qui retourne au foie environ 20% sera excrétée dans l'urine. L'urobilinogène devrait donc augmenter lors d'hémolyse sévère ou diminuer lors d'obstruction biliaire ou de maladie hépatique sévère. Il y a cependant plusieurs facteurs qui empêchent une mesure adéquate de l'urobilinogène. Il y aura une fausse augmentation lors de surcroissance bactérienne au niveau de l'intestin ou lors d'un séjours prolongé des fèces (constipation). Il y aura une fausse diminution lors de polyurie, de destruction de la flore bactérienne (antibiothérapie) ainsi que lorsque qu'il y a un délai d'analyse.

Ce test n'est donc pas fiable et le résultat doit être ignoré ou évalué en combinaison avec d'autres examens.1

Urobilinogènes

La bilirubine conjuguée est déversée avec la bile dans le duodénum. A cet endroit cette bilirubine est transformée par les bactéries en urobilinogène. Une petite portion de cet urobilinogène va ensuite emprunter la circulation porte pour atteindre le foie ou la majorité sera retournée dans la bile (cycle entéro-hépatique). De cet urobilinogène qui retourne au foie environ 20% sera excrétée dans l'urine. L'urobilinogène devrait donc augmenter lors d'hémolyse sévère ou diminuer lors d'obstruction biliaire ou de maladie hépatique sévère. Il y a cependant plusieurs facteurs qui empêchent une mesure adéquate de l'urobilinogène. Il y aura une fausse augmentation lors de surcroissance bactérienne au niveau de l'intestin ou lors d'un séjours prolongé des fèces (constipation). Il y aura une fausse diminution lors de polyurie, de destruction de la flore bactérienne (antibiothérapie) ainsi que lorsque qu'il y a un délai d'analyse.

Ce test n'est donc pas fiable et le résultat doit être ignoré ou évalué en combinaison avec d'autres examens.

Érythrocyte/Hémoglobine/Myoglobine

Les bandelettes peuvent différencier entre l'hématurie et l'hémoglobinurie mais pas entre l'hémoglobinurie et la myoglobinurie. Lors d'hématurie, les globules rouges vont se lyser à la surface du tampon laissant ainsi une coloration tachetée alors que l'hémoglobine et la myoglobine coloreront uniformément. Cette analyse doit être effectuée sur un échantillon qui n'a pas été centrifugé. Le résultat doit être interprété en combinaison avec la densité urinaire et un examen microscopique. Les causes d'hématurie, d'hémoglobinémie et de myoglobinémie ont été discutées précédemment à la section sur la couleur de l'urine.

Les bandelettes peuvent détecter un minimum de 5-15 érythrocytes/µL ce qui correspond à moins de 1 érythrocyte par champ à 400x. Un test peut donc être positif pour une hématurie sans qu'il n'y ait de globules rouges au microscope car les érythrocytes seront trop rares pour être vu (hématurie occulte), il peut aussi y avoir une lyse des érythrocytes dans l'urine à cause d'un pH très alcalin ou d'une densité urinaire très faible.

Un test sur bandelette peut aussi être négatif malgré la présence d'érythrocytes au microscope. Une telle situation est rencontrée lorsque l'échantillon n'est pas bien mélangé, lorsque les bâtonnets sont expirés ou lorsque les globules rouges ne s'hémolysent pas à la surface du tampon.

Il n'y a pas de valeurs normales pour ce qui est du nombre d'érythrocytes/µL chez le chien et le chat. Chez l'humain jusqu'à 5 érythrocytes/µL sont considérés normaux.

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