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Le pays

L'exploration

Un pays où la nature et l'histoire ont laissé des indices majestueux de leur incontestable pouvoir créateur comme les temples mayas enfouis sous une jungle tropicale. Pas étonnant que les trois chicas passionnées de nature et de voyage se soient laissées envoûter…

Guatemala, ce fut une aventure exhaltante de se laisser entraîner sur tes routes sinueuses et fasciner par tes paysages tellement diversifiés ! Milles gracias pour ta générosité éblouissante et ton histoire riche en émotions !

Guatemala, qui vient du mot Cuahtemala, signifie la terre des arbres. Tout comme le ceïba, l'arbre mythique des Mayas, les racines humaines du Guatemala remontent à des millénaires avant l'arrivée des Espagnols. La métaphore de l'arbre peut nous aider à comprendre ce pays, qui fut le berceau d'une civilisation extrêmement riche, celle des maya. Le tronc du ceïba symbolise donc la résistance des Mayas face à l’envahisseur. Le peuple maya a su, à ce jour, conserver avec fierté sa culture malgré la conquête et la répression européennes entamées depuis près de cinq siècles par les conquistadors.

Le Guatemala est constitué de montagnes recouvertes de forêts et dont les sillons sont utilisés par les paysans ainsi que de plaines envahies par la jungle. Il est bordé par le Mexique au nord, le Belize au nord-est et à l'est, le Honduras au sud-est et le Salvador au sud-ouest. La mer des Caraïbes baigne sa très courte et très jolie côte est et l'océan Pacifique, sa côte ouest. Les 300 volcans se dressant à l’horizon sont sans contredit un des éléments les plus spectaculaires et majestueux de la topographie guatémaltèque. Le nord du Guatemala recèle également des plaines couvertes de forêts tropicales où règne une diversité végétale et animale tout à fait surprenante !

La république du Guatemala demeure un des rares pays du continent américain où la culture indigène est présente et vivante. Les Mayas forment plus de 60 % de la population totale du pays. Ce sont les témoins d’une culture et d’une civilisation toujours vivantes et enrichissantes. Le pays arbore les riches couleurs de ses habitants mayas.

Le Guatemala fut certainement à la hauteur de nos attentes dans toutes ses splendeurs naturelles, mais c'est surtout son peuple, qui a vécu de grandes épreuves encore récemment- on le voyait encore dans les yeux de certains Guatémaltèques- qui nous a semblé sa plus grande richesse.

L’économie repose principalement sur l’agriculture, la pêche, l’élevage ou le tourisme selon la région. Le café, les bananes, le sucre et le pétrole constituent les principales exportations du pays, mais le maïs, le tabac, le blé et le cacao sont aussi cultivés. Malheureusement, l'écart entre les riches et les pauvres est très marqué : 70% des gens moins nantis, surtout des indigènes, vivent en-dessous du minimal vital admis par la FAO. Dans les villages, chacun occupe un créneau afin de subvenir à ses besoins et satisfaire les besoins des villageois : pâtissière, boulanger dans un tortilleria (fabrique de tortillas de maïs), vendeur itinérant de tomates et d’oignons, vieille dame offrant haricots, œufs et fromage ou commis dans une des nombreuses tiendas (épicerie)...

C’est dans ce petit et chaleureux magasin, la plupart du temps en façade de la maison du propriétaire, que l’on retrouve de l’eau pure, des boissons gazeuses, des friandises (gomme à mâcher, chips, biscuits) et la fameuse Gallo. La Gallo est la bière nationale et un objet de patriotisme aussi fort pour les Guatémaltèques que l'équipe des Canadiens l'était pour nous au temps de Maurice Richard ! On la trouve partout, elle a sa propre chanson et est fièrement affichée dans tous les coins du pays... même jusqu'au fin fond de la jungle! Un petit bémol à cette ferveur : l’alcoolisme est un problème criant dans les régions où il est difficile de trouver du travail.

Au Guatemala, la religion a une place toute particulière : on retrouve beaucoup de catholiques, de mormons et d’évangélistes. Les gens sont très pratiquants et les valeurs de l’Église sont respectées, du moins en campagne. En effet, nous avons pu constater un changement des mentalités à cet égard, en ville. On retrouve aussi de nombreuses et très charmantes légendes, qui apportent une touche magique à la vie. Par exemple, lors de la naissance d’un poulain, son maître lui installe un ruban rouge autour du cou. pour se protéger lui et sa famille contre le mauvais sort ou la médisance. Certains vétérinaires nous ont confié qu’il leur fallait s'assurer que le propriétaire de l’animal enleve éventuellement ce ruban, une fois ce dernier devenu trop serré pour le cou de l'animal.

La guerre civile

"La justice ne parle pas la langue des indiens, la justice ne descend pas chez les pauvres, la justice ne porte pas nos sandales d'indiens, la justice ne marche pas pieds nus sur les chemins de terre..."

Ak'abal (extrait de La fleur jaune des sépulcres)

Dans les replis de ses montagnes, le Guatemala a connu une histoire tumultueuse et souvent tragique depuis que le conquistador espagnol Pedro de Alvarado s’est établi dans ce territoire en 1524. Aujourd’hui, ce pays sort à peine d’une guerre civile qui a duré près de 30 ans et dont les principales victimes furent les Mayas et la population civile en général. Pendant des années, le peuple maya réduit à la misère et à l’exploitation a combattu la classe dirigeante, les Ladinos, pour faire valoir ses droits et conserver ses coutumes, ses cultures et sa dignité. Les Guatémaltèques ont connu la guerilla et la guerre civile pendant 36 ans.

Rigorberta Menchu, une Maya Quiché, a défendu les droits des Mayas pendant de nombreuses années et a reçu le prix Nobel de la paix en 1992. Elle décrit l’inaceptable : "Aux enfants, on leur dit : vous allez avoir des rêves, des ambitions qui ne se réaliseront jamais"

Finalement, après 36 ans de terreur, de meurtres inexpliqués et d’exploitation, la paix est signée en 1996. Toutefois, le bilan de cette guerre est lourd à porter pour le Guatemala : 100 000 morts, presque 1 million de réfugiés et des milliers de disparus. Pourtant, 10 ans plus tard, même si les habitants portent encore les traces profondes de ce régime de peur, on voit que l’espoir renaît grâce au courage inébranlable de ce peuple, de ces hommes du maïs, qui continuent de chanter, de rire et de danser. Quelle force!

L'expérience

Au Guatemala, en particulier dans les petits villages, les gens vivent aux rythmes latino qui jouent à tue-tête dans les maisons des villages : c’est plein d’entrain et ça vous accroche un sourire à coup sûr ! La vie va à un rythme beaucoup plus détendu... on prend le temps de se parler et de se dire bonjour dans les rues. Incroyable, tout de même, de remarquer une chose aussi banale et ça démontre l’ampleur de l’individualisme de nos sociétés indistrialisées. La vie familiale est très importante et teintée par la religion. Les enfants, une fois mariés, vivent souvent tout près de la maison paternelle et chaque dimanche, toute la famille se réunit.

Tout au long de l’été, nos déplacements d’un bout à l’autre du pays se faisaient littéralement en sautant à bord des Chicken bus. Ces autobus si vivement colorés et prenant les courbes à 120 km/h, dans lesquels s’entassent quotidiennement les guatémaltèques, représentaient pour nous toute une aventure à chaque fois !!!

Un autre souvenir marquant de notre expérience est la place que prend la danse dans la vie des gens. Le rythme de la musique coule dans les veines des guatémaltèques depuis leur tendre enfance. Du merengue à la punta en passant par la salsa, tous les mouvements de la cintura (taille) sont possibles . Malheureusement, malgré un séjour de trois mois là-bas et des tentatives répétées, nous n'étions pas à la hauteur de leur grand talent naturel ! Nous avions vraiment l’air de petits robots bien raides! Ce fut un grand défi de déprogrammer nos membres, mais quel délice d’apprendre à bouger avec liberté !

Nous devons glisser un mot sur les marchés, ces véritables tables tournantes de l’économie locale et, en ce qui nous concerne, une expérience sensorielle tout à fait originale ! Ces marchés sont bondés de gens et de vendeurs très motivés et nous nous sommes exercées à devenir des expertes dans l’art du marchandage… ou presque ! Le marché publique est un univers en soi, un méli-mélo qui sollicite tous nos sens : odeurs, couleurs, marchands qui te proposent un prix d’ami "juste pour toi", des milliers d’objets d’art, de vêtements, de légumes, de fruits, des haricots, de la farine… Ouf, étourdissant toute cette vie bouillonnante ! Alors, il fallait bien s’arrêter un peu, faire la pause et observer ce beau monde tout en dégustant le fameux licuado con leche, l’équivalent, mais en plus savoureux, du lait fouetté. Comme les vaches sont nourries avec des bananes, leur lait est particulièrement sucré et quant aux fruits, il n’y a pas plus savoureux, car ils sont mûris directement sur le plant !

L'hospitalité

Lorsque nous avions présenté notre projet Défi Vet-monde, nous avions décrit nos objectifs, dont celui-ci : promouvoir le goût de l'aventure. Nous n'aurions jamais pu imaginer l'ampleur des aventures à venir ! En arrivant a San Andrés, le fondateur de l'organisation Volunteer Peten nous annonce que, pendant les deux prochaines semaines, nous allons chacune vivre dans une famille différente. Hélène vivra chez un couple, dans une charmante petite maison avec des poules et des dindons dans la cour arrière. Marie sera accueillie par une mère de famille, sa fille et les enfants de cette dernière. Marjorie, elle, vivra en pleine jungle, au milieu de plusieurs petites maisons, qui appartiennent toutes à la même famille. Une vingtaine d'enfants l'accueille en lui sautant dans les bras ! On la renseigne en espagnol et à toute vitesse sur la généalogie de la famille : lui c'est le frère de lui, qui est le cousin de elle là-bas, qui est la fille de Carlos Senior… Aye, aye, aye!

Notre séjour à San Andrés fut très spécial. Ces deux premières semaines dans des familles de la place nous ont plongées directement dans la culture des paysans guatémaltèques. Des gens qui, s'ils n'ont pas beaucoup, semblent apprécier vraiment ce qu'ils ont. De la musique à toute heure du jour et de la nuit. Des grands sourires, de grands cœurs qui ont su nous accueillir des les premiers instants. Ce séjour fut pour nous plutôt déstabilisant, nous étions dans une toute autre réalité, nous avions perdu nos repères.

El tiempo du jugar

Le temps de jouer! Durant notre expérience RAVS, nous nous sommes promenées de village en village et des enfants avec leurs beaux regards, leur innocence et surtout, leur curiosité, nous en avons rencontrés ! Les villages que nous visitions n'étaient pas du tout touristiques et parfois les habitants ne voyaient des étrangers qu'une fois par année, quand les vétérinaires de RAVS venaient faire leur tour. Bien sûr, nous attirions tous les regards : les gringos arrivaient en ville!

Nous jouions avec les enfants, qui se regroupaient autour de nous, nous fixaient de leurs grands yeux curieux et nous touchaient. Parfois ils dépassaient les bornes que nous fixions : nous étions une telle nouveauté pour eux. Un jour que nous étions basées dans une école, les enfants nous ont posé des tonnes de questions durant les récrés et ont voulu nous expliquer leurs jeux. LN en a profité pour dessiner à la craie une carte du Québec et du Canada sur le sol !

Nous avons aussi pris le temps d'explorer la civilisation maya encore bien présente au Guatemala. Nous nous sommes donc taillées un chemin dans la forêt tropicale, où sont enfouis les quatre principaux temples et les autres ruines mayas, vestiges merveilleux d'une civilisation pas tout à fait perdue. Ces pyramides et ces temples ont permis aux archéologues de reconstituer en partie la vie et la religion des Mayas et de découvrir également avec émerveillement le développement de l'arithmétique chez ce peuple, qui avait inventé le principe du zéro bien avant les Hindous et les Arabes et élaboré le calendrier le plus exact du monde ancien. C'était un grand empire qui recouvrait toute la péninsule du Yucatan, le Chiapas, le Guatemala et une partie du Honduras. Les Guatémaltèques d'aujourd'hui ressemblent tellement aux antiguos (les anciens, les ancêtres, ceux de l'Antiquité) que les sculpteurs des grands temples mayas semblent les avoir pris comme modèles. Ils parlent encore leurs nombreuses langues mayas, prient parfois encore leurs dieux tout en invoquant aussi les saints de l'Église catholique, cultivent encore leurs milpas (champs de maïs) après avoir imploré les dieux de la pluie, mais ils ne vont plus dans leurs temples et les majestueux sites religieux s'élevant en plein coeur d'une jungle luxuriante.

Nous avons également exploré les multiples facettes naturelles de la terre guatémaltèque, dont plusieurs volcans encore en activité comme le Pacaya, que nous avons escaladé.

La vie à 100 à l'heure dans la ciudad

Au Guatemala, le temps n'existe pas vraiment. On est toujours à l'heure, le retard étant un concept inconnu. Le hamac est utilisé quotidiennement tant la chaleur est accablante et qu'on doit se reposer après le dur labeur, du moins c'est vrai à la campagne. Parce que dans la capitale, c'est tout autre chose!!! Guatemala Ciudad, c'est les klaxons, les grosses pubs d'Ivory, de Pepsi et de la Banque du Commerce. C'est les limites de vitesse non respectées, les feux rouges brûlés et les tours à bureaux. À notre arrivée au Guatemala, nous avions été un peu effrayées par la taille de cette ville considérée comme dangereuse et très peu fréquentée par les touristes. Beaucoup de gens quittent leur campagne natale pour tenter leur chance dans la grande ville polluée. Nous appréhendions notre retour dans la capitale, deux mois après notre arrivée. Finalement, grâce à notre merveilleuse famille d'accueil et des amis d'une valeur inestimable, nous avons apprivoisé la bête.

Juan Pablo, un vétérinaire guatémaltèque venu nous accueillir à notre arrivée à l'aéroport fut un ami sincère pour nous. Il était toujours là pour nous : où que nous soyions dans le pays, nous n'avions qu'à l'appeler. C'était aussi un confident, un papa, un frère. Une grande complicité. Un lien solide.

Le Guatemala est devenu notre terre adoptive, car nous avons une famille là-bas. Eh oui, durant tout notre séjour dans la capitale, nous avons été accueillies par la famille Martinez. Les Martinez vivent dans la montagne, un peu à l'extérieur de la ville. Juan Pablo est un homme d'affaires et sa femme, Karen, travaille avec lui. Ils ont trente ans, et cinq adorables enfants. Nous faisions partie de la famille et nous vivions leur quotidien. La veille de notre départ, le papa Juan Pablo, l'ami, nous a dit :" Nuestra casa es su casa". Vous avez maintenant une maison au Guatemala. Karen nous a appelé ses filles et notre ami Mauricio, ses sœurs. Ce voyage au Guatemala nous a permis de tisser des liens uniques, de grandes amitiés.

Karen Marie, la seule fille de la famille, paraissait indépendante au premier abord, mais une fois apprivoisée était toujours dans nos bras et courait après nous dans la maison. Juan Andres, un peu plus jeune et plus solitaire, s'amusait surtout à nous mordre les joues dans la voiture. Le petit Juan Miguel, le bébé, pour qui nous étions un vrai mystère, et qui s'endormait toujours dans nos bras.

Enfin, il y a eu Mauricio, un vétérinaire de la capitale et surtout un mentor et un grand ami.

Pour toutes ces personnes si chères à nos yeux maintenant, nous retournerions au Guatemala demain matin. Une famille, des frères, des amis.