Itinéraire
Pays
Stages
Équipe
Conclusion

 

Les stages

Volunteer Peten

Notre arrivée dans le nord du pays, à San Andres, en mai 2005 fut un véritable choc culturel. Non seulement nous avons dû apprendre assez rapidement à nous débrouiller en espagnol, mais il y avait les odeurs, la végétation, les coutumes, la nourriture… tout était nouveau.

C’était l’endroit idéal pour débuter notre périple et prendre un bain de culture. Nous avons séjourné deux semaines dans ce petit village pour travailler avec Volunteer Peten, un parc écologique dont l'objectif est de gérer et de protéger une réserve de 150 acres et de fournir une éducation environnementale aux enfants du village.

Quelques heures d'exploration nous ont suffi pour faire un premier constat : la relation homme-animal dans ce pays est très différente de la nôtre. Un bon exemple est l’alimentation des chiens, qui sont principalement nourris avec les restants de tortillas de maïs, quand ils sont nourris ! En effet, cette céréale nutritive est la principale culture maraîchère au pays, elle est très bon marché et surtout très ancrée dans la culture. Ainsi, tout bon guatémaltèque se doit de manger des tortillas à chaque repas et le surplus est donné aux chuchos- façon particulière de nommer les chiens, principalement lorsqu’on les chasse. L’apport protéique est insuffisant et la majorité des chiens sont extrêmement maigres pour cause de malnutrition; ils doivent donc être débrouillards pour survivre.

De plus, personne n’a l’habitude de caresser son chien ou de jouer avec lui. Malgré tout, chaque soir, tous les chiens d’une maison, reviennent au bercail par eux-mêmes ou à l’appel du propriétaire qui referme la clôture derrière lui. Finalement, malgré la perception qu’on pourrait avoir de la relation que les Guatémaltèques entretiennent avec leur chien, ces animaux de compagnie sont très appréciés, possèdent chacun un nom et sont fidèles à leur maître en plus d’être très obéissants!

Lors de notre passage à San Andrés, nous avons donc pensé concevoir des affiches éducatives pour les enfants sur les soins de base à prodiguer aux animaux domestiques. Nous avons remis ces affiches à Matéo, le directeur de Volunteer Peten et nous sommes contentes de savoir qu’elles circulent maintenant dans les quatre écoles primaires de ce petit village. Nous y avons également mené une campagne de vaccination des poulets, canards et dindons, soit les principaux animaux que les gens possèdent dans leur cour. Bon, nous ne pensions pas changer le monde, mais peut-être apporter un petit quelque chose, qui, pour eux, représentait beaucoup.

Avec Candelario, le « spécialiste animal du village », nous sommes passées de famille en famille afin de vacciner la volaille contre la pasteurellose, la maladie de Newcastle et le coryza infectieux, trois maladies importantes en Amérique centrale. Bien que de telles campagnes de vaccination ne soient pas courantes en raison du manque de ressources, la population comprend l'importance de vacciner pour protéger leur principale source de viande et d'œufs. Nous avons été touchées par l'attention avec laquelle chaque coq et chaque poule fut attrapée pour recevoir nos soins.

Pétards qui résonnent dans le ciel dès l'aube, réveils avec l'odeur des tortillas et au son de quelques coqs foulant notre lit, ce séjour à San Andres a été bouleversant et pas seulement en raison de nos expériences avec le monde animal. Ce sont là des souvenirs mémorables, mais pas autant que le sourires des gens charmants et les rires des enfants qui ont réussi à nous toucher droit au cœur.

ARCAS

(vidéo 384 ou 768 kbps)

Singes, caïmans, jaguars… et scorpions! Après une grande balade en lancha (barque), nous arrivions à ARCAS, un organisme de réhabilitation d'animaux sauvages situé sur une petite île tropicale en pleine jungle guatémaltèque.

ARCAS a pour but d'enrayer le trafic illégal d'animaux sauvages, un problème criant au Guatemala. De plus, les aras, singes hurleurs, singes-araignées, caïmans, tortues, ocelots et bébés jaguars sont parfois adoptés par des familles, puis rejetés lorsque le petit animal devient grand et sauvage, donc dangereux. L'animal est alors recueilli par l'ONG, qui le soigne et le relâche dans son milieu naturel au moment opportun.

On peut dire que nous sommes entrées en contact avec les principaux représentants de la biodiversité incroyable du Guatemala. Même les scorpions trouvés dans notre lit et la douche n'ont pu freiner notre enthousiasme !

Le Guatemala est un pays possédant une végétation extrêmement diversifiée mais elle n'échappe pas au problème de déforestation et sa forêt tropicale est grandement menacée. Les techniques de culture bien adaptées de la population indigène maya, qui avaient pourtant fait leurs preuves, sont abandonnées en faveur de la monoculture et de l'élevage intensif du bétail. Voici des statistiques éloquentes : le territoire couvert par la forêt tropicale est passé de 77% en 1960 à 42% en 1980 et 29% en 1989. C'est pourquoi, en 1990, les autorités ont créé la Réserve de la biosphère Maya grâce à une entente avec deux voisins, le Mexique et le Belize. Bien sûr, la perte de la forêt influence directement la survie des animaux sauvages alors ARCAS travaille également à sensibiliser les gens à cette problématique.

"La forêt précède les peuples; le désert les suit"

François René de Châteaubriand, écrivain français (1768-1848)

RAVS

(vidéo 384 ou 768 kbps)

À la mi-juin, nous nous sommes joints à un groupe des États-Unis, RAVS, qui offre des services vétérinaires presque gratuitement à des communautés rurales moins bien desservies, dont la région de Petén et le nord du Guatemala. RAVS offre aussi la possibilité à des étudiants vétérinaires comme nous de travailler en collaboration avec des vétérinaires expérimentés. Nous allions donc de village en village avec tout notre attirail et surtout notre motivation. Les gringos débarquaient en ville...

Nous devions procéder à des castrations de chevaux et notre arrivée était toujours très mouvementée : le village entier s'attroupait autour de l'animal ! Vaccinations et castrations de chevaux se succédèrent et toutes humbles étudiantes que nous étions, nous avons pu en faire quelques-unes!

Les propriétaires étaient très attentifs aux conseils sur les soins à apporter à leurs bêtes puisque les chevaux sont utilisés pour le travail agricole et le transport du bois et de l'eau, entre autres. Par contre, malgré qu'on leur demande beaucoup, ces chevaux reçoivent très peu d'eau et sont incroyablement plus frêles que les les nôtres.

Les chiens étaient également les bienvenus pour se faire vacciner ou soigner par les vétérinaires et les étudiants vétérinaires de RAVS.

Partout, le bonheur des villageois est palpable : ils ne possèdent pas grand chose, mais, ils donnent l'impression de l'apprécier. Et si c'était ça la vie ? D'ailleurs, comment ne pas rire lorsqu'on est un enfant passionné de football et qu'on se voit offrir la chance d'utiliser un testicule de cheval comme ballon à condition de s'en saisir avant qu'un chien ne le mange ! Ces instants furent magiques…

Animal Aware

Impossible de nier l'omniprésence du machisme, que nous avons pu observer durant notre séjour à RAVS, mais aussi tout au long de notre séjour ici. Or, cette mentalité a de graves conséquences sur la taille de la population de chiens errants, qui va grandissante. En effet, la castration est mal acceptée par ces hommes très fiers de leur " mâle" canin (un mâle sans testicules n'est plus un mâle) et on retrouve donc beaucoup de chiens errants à la recherche de nourriture ou se battant entre eux. Ces animaux très craintifs- il n'est pas rare d'apercevoir un enfant leur lancer des roches leur donner des coups de pied pour les chasser- sont difficiles d'approche. Plusieurs présentent d'ailleurs des séquelles de ces mauvais traitements- patte blessée, morsure, plaie à la suite d'un coup de machette- sans parler des nombreuses tiques et des maladies de peau très répandues.

Avec une bonne dose de tact, nous avons fait valoir que, sans compter les autres avantages connues de la stérilisation, un mâle castré et donc moins porté au vagabondage jouerait mieux son rôle de gardien. La présence massive de chiens errants dans les rues est aussi un grave problème de santé publique puisqu'elle favorise des zoonoses comme la rage, une maladie mortelle chez l'humain. Les autorités guatémaltèques réagissent de manière radicale, soit en distribuant dans la rue, une fois l'an, des morceaux de viande empoisonnée à la strychnine. Ce poison paralyse les muscles de l'animal, qui meurt d'asphyxie. Cette procédure cruellement douloureuse, qui ne discrimine aucun animal, est appliquée peu avant la période touristique afin que les étrangers aient une bonne image du pays… et oui, l'industrie touristique est une source non négligeable de revenus… Heureusement, certaines de ces bêtes orphelines échappent à ce destin. À Sumpango, Xenii, une dame originaire des États-Unis, qui vit au Guatemala depuis plus de 10 ans, tient un refuge pour chiens et chats, Animal Aware,où nous avons eu la chance de travailler pendant une dizaine de jours.

D'abord méfiants, ces chiens maltraités finissent par être amadoués (attention Marie, il est complètement malade celui-là!). Ceux que nous avons vus au refuge

Un fait étonnant a été de constater la gentillesse et surtout la bonne santé de ces chiens ! En effet, grâce aux soins de Xenii et de la docteure Elsa, une vétérinaire guatémaltèque qui aide bénévolement cet ONG, ils étaient tous en bon état de chair, vaccinés contre la rage et le distemper, déparasités et stérilisés. Nous avons d'ailleurs participé à une campagne de vaccination et de stérilisation à Panahachel près du Lac Atitlan avec cette vétérinaire. Asepsie quelque peu douteuse, mais tous s'en sort très très bien !

Médecine vétérinaire Guatemala ciudad

Dans la capitale du Guatemala, les techniques vétérinaires sont semblables aux nôtres comme nous l'avons constaté en visitant la faculté vétérinaire et des cliniques privées. Quel contraste avec la campagne, tant en ce qui a trait à l'état général des patients qu'à l'asepsie. Toutefois, les maladies rencontrées demeuraient les mêmes : Demodex, tiques, calculs rénaux d'aspects différents, etc.

En ville, bien des chiens reçoivent de la moulée commerciale et sont bien portants, voire même obèses! Cette disparité trouve évidemment son origine dans des facteurs économiques. En effet, dans les villages, qui regroupent maintenant 50 % de la population, les humains trouvent leurs protéines de qualité dans la volaille et le bœuf, quand ils en ont les moyens. La plupart du temps, les repas se limitent à l'alimentation traditionnelle constituée de riz, de haricots noirs et de maïs. Il serait utopique de penser offrir de la viande à son chien dans de telles conditions de vie. En fait, tout est question de priorités…

Une autre différence marquée par rapport au Québec constitue le quasi absence de chats dans les villages et les villes, qui représentent moins de 5 % des animaux domestiques au Guatemala. Un chat ne peut pas garder la casa et est donc considéré inutile.

La côte ouest

Finalement, nous nous sommes rendues sur la côte Pacifique recouverte de sable volcanique pour faire du bénévolat dans un centre de conservation des tortues de mer. Ainsi, chaque nuit, nous marchions le long de la plage, au rythme du bruit des vagues, afin de trouver des tortues en train de pondre ou de demander aux villageois de nous donner une partie des œufs qu'ils récoltaient pour les revendre, ce qu'ils faisaient volontiers parce qu'ils comprenaient l'importance de ce geste pour assurer la descendance de ces bêtes si impressionnantes.

De longues nuits à marcher au bord de la mer, au rythme des vagues du Pacifique, dans l'espoir de rencontrer des tortues qui s'apprêtaient à pondre sur la plage, avouons que c'est une tâche plutôt agréable.

La survie de cette espèce se heurte à plusieurs problèmes auquels le projet Parque Hawaii de l'organisme ARCAS essaie de s'attaquer : la vente d'oeufs, la diminution de l'éclosion en raison du réchauffement de la plage occasionnée par la coupe des arbres qui la bordaient et y faisaient de l'ombre et les techniques de pêche des gros crevettiers qui provoquent la mort de nombreuses tortues- d'autres techniques moins meurtrières existent pourtant.